Baba bébé bobo

En début de vie adulte, tu es souvent un peu « baba », dans le sens bohème du terme, qu’on utilisait surtout dans les années 70’s. Plus tard, tu t’installes, tu as un bon boulot (je ne parle ici que de quelques privilégiés bien sûr), tu fais des bébés. Puis tu deviens un « bobo », un bourgeois bohème, essayant de concilier tes anciens idéaux de jeunesse et tes actuels comportements libéraux et individualistes, avec des codes culturels éclectiques et superficiels.

Ce type de parcours de vie est bien sûr caricatural, et le terme « bobo » est alors péjoratif et utilisé de façon méprisante par ceux qui considèrent ne pas en être. Cette catégorie sociale est ainsi un fourre-tout dans lequel certains rangent la lutte de classes, les praticiens honteux de l’exploitation de l’homme par l’homme qui veulent se déculpabiliser, les riches qui jouent aux pauvres. Et il n’y a qu’un pas pour assimiler la culture à une pratique réservée à un monde de dominants. En réalité c’est la culture qui fait de nous des êtres humains, rationnels, critiques, engagés, qui donne à l’homme la capacité de réflexion. Évidemment, si on se met à donner à l’homme un regard critique, ça va être moins facile pour lui faire faire ce qu’on veut ! Pour gouverner il faut tromper, et la culture ouvre les yeux, pas bon ça ! Leurré par des discours nauséabonds, le pauvre va abhorrer le bobo fan de culture, qui cherche à jouer au pauvre. Le chemin de l’accession à la culture est pavé d’intentions pas toutes bonnes.