L’art est un timbre-poste

Prenons un objet insignifiant au hasard. La petite cuillère, le crochet X, le bâton de maréchal, la chaussette, le pavé… tiens prenons le timbre-poste ! Insignifiant !? Ohlala, que cet adjectif est inapproprié ! De quoi nous parle un timbre-poste ? De la communication entre les hommes, et son évolution à travers les âges, de son usage de moins en moins fréquent, des nouvelles technologies de la communication le rendant moins utile qu’une souris, du financement des services publics (le coût du service a fini par être supporté par l’expéditeur plutôt que par le destinataire le jour où un anglais a inventé le timbre en 1840), de l’Histoire de France (la paternité du timbre en France est due au Briochin Glais-Bizoin et non pas à Arago), de l’Histoire tout court (par les faits historiques que les timbres illustrent), de sciences économiques (l’évolution de son coût), de la valeur des choses (entre sa valeur faciale et sa valeur marchande auprès des collectionneurs, de la spéculation, de la loi de l’offre et de la demande), de la technologie papetière, de la recherche sur les colles, de l’art graphique (les illustrateurs de timbres, le mail-art), des systèmes de mesures (ses dents sont des fractions de centimètres ou d’inches), de psychologie (les différentes causes du philatélisme et la collectionnite), de géographie, d’aventures humaines (les pionniers de l’aviation postale), de linguistique, d’organisation humaine (bureaux de poste, systèmes de tri, sacs, vélos, autos, camions, avions, bateaux), de sociologie (les facteurs et autres travailleurs du système postal), du syndicalisme, d’électronique et d’informatique (nouveaux moyens de communication), des activités humaines que le timbre relie (cartes postales, factures, faire-part, lettres d’amour, de licenciement…), de littérature (l’art épistolaire de certains grands auteurs), de mythologie (Hermès le messager des dieux),… Je vous laisse continuer…

L’art est pareil au timbre-poste. Une œuvre relatant un fait apparemment anecdotique peut renfermer un message universel, grâce à l’effet parabolique, qui n’est pas nécessairement voulu par son auteur. Par exemple ce livre relatant l’histoire des usines Tanvez de Guingamp. La photo de la tronche de tel ancien travailleur ne dit-elle pas sa vie, et la vie de ses collègues, et la vie de tous les travailleurs du monde à travers la grande Histoire, et l’histoire des relations humaines, des dominants et des dominés, des lois économiques, de la politique, de la société… ?

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