Odyssée d’ici

En Bretagne, on y re-vient toujours. Même si tu n’es jamais allé en Bretagne, tu y es quand-même déjà allé mentalement. Tout le monde sait ce qu’est la Bretagne, comment elle est. Tu en as déjà eu des images, mentales, photographiques, filmiques, contées. Quand tu y viens physiquement, tu reconnais beaucoup de choses auxquelles tu t’attendais, à côté bien sûr d’autres qui te surprennent. C’est comme New York : les images de New York courent tellement à travers tous les médias du monde entier que tu reconnais tout ce que tu y vois la 1ère fois que tu y voyages. Et comme Proust, qu’on ne lit jamais, mais qu’on re-lit.

Tu es donc re-venu en Bretagne. Tu en as mis du temps ! Tu es un Ulysse qui a bravé tellement de dangers avant de re-venir au pays. Peut-être es-tu passé par la gare de Troyes. Tu as résisté au chant des Sirènes qu’est le sea-sex-and-sun des mers chaudes. Tu as réussi à échapper au Cyclope n’a-qu’un-œil qu’est la télévision. Tu as bravé Charybde et Scylla que sont les terribles écueils de la Manche et ses courants du Raz Blanchard, du Fromveur, du Raz de Sein. Tu n’as pas été arrêté par ces millions de cochons bretons, anciens humains transformés par l’ensorceleuse Circé. Tu as renoncé au tourisme sexuel des îles de Nausicaa et de Calypso. Tu n’as pas eu peur des vents d’Eole ni des vagues de Poséidon. Et ton Ithaque est à St-Thélo où t’attend une Pénélope tisseuse de lin.

En Bretagne, Homère monte.

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