Qu’y a-t-il à l’intérieur d’un silence ?

En cette période où le silence est plus présent que jamais, je me demande ce qu’il peut y avoir à l’intérieur d’un silence.

Un artiste n’est pas plus intelligent qu’un autre humain. On voit parfois un journaliste demander à un chanteur de variété ce qu’il pense de la guerre en Syrie, essayant de recueillir une pensée profonde d’une idole qu’il a abusivement hissée sur un piédestal de l’intellect. Peine perdue. L’artiste est un haut-parleur, mais si on amplifie du vide, on obtient encore du vide, et même encore plus vide que vide. L’artiste est simplement doté de la faculté d’exprimer de façon « artistique » ce qu’il ressent. Quand il ne ressent rien sur un sujet, il ne faut pas le forcer. Mais alors quand il ressent, son expression prend une force décuplée ! Son mot est chargé de plus de choses que le mot issu du dictionnaire, il contient du sens subliminal, transcendantal, de la musique, de l’émotion.

Même ses silences sont chargés. Comparez un silence de Mozart et un silence de Mireille Mathieu.

L’expression d’un artiste est comme ce « soleil sans qui les choses ne seraient que ce qu’elles sont » d’Edmond Rostand. L’artiste devient un révélateur, revivifiant la pensée. Voyez comme deux minutes de Guignols de l’info savent parfois mieux faire comprendre un fait qu’un long exposé. Voyez ce qu’un haïku exprime en quelques mots, l’émotion qui se dégage d’une suite de deux accords, ce que nous révèlent quelques taches de peinture, comment une photo nous explique le monde…

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