Voici un texte écrit à une époque faste (comparativement) pas si lointaine. En guise d’armoriculture, nous traversons en ce moment un désert, mais nous en sortirons bien un jour, et mes conseils armoricoles vous serviront alors.
C’est le printemps, profitons-en pour rappeler ici quelques notions d’armoriculture, qui, rappelons-le, est la pratique de faire pousser de l’art vivant en Armor. La douceur et l’humidité du climat breton favorisent la pousse de nombreuses cultures dans nos contrées, pour le plus grand plaisir des armoriculteurs armorigènes que vous êtes. Poussent très bien ici des graines provenant de pays lointains, telles ces belles semences importées du pays Mandingue, ces pousses de gospel et de blues d’outre-Atlantique, ces racines épicées d’Asie. Et regardez cet armoretum (un costarmoretum) de mai où poussent 36 espèces de festivals !
Pour que l’art pousse bien, suivez ces quelques conseils armoricoles : éloignez les plantations des ondes télévisuelles ; plantez dans un terreau riche en ouverture d’esprit, amendé d’un compost de fumier d’Histoire, ou bien utilisez un engrais riche en rigolo-éléments ; ne taillez pas trop tôt vos motets de Rameau avec un Couperin ; arrosez souvent de curiosité (même malsaine) ; aspergez abondamment les bourgeons d’intermittence enrichie en annexes 8 et 10 ; n’arrachez pas toutes les mauvaises herbes comptant pour rien, certaines peuvent être des germes d’art contemporain ; n’hésitez pas à greffer un cultivar extrême-oriental sur une souche celtique ; n’éliminez pas les pucerons de St-Vincent ; ne tondez pas à ras les artistes en herbe.
Et souvenez-vous que c’est Cicéron qui a ajouté le sens « culturel » au « cultural » en parlant de Cultura animi (culture de l’âme).